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Nous deux,

Responsable de la chronique : Caroline Pinet
Nous deux

Ma vieille table

Imprimer Par Caroline Pinet

            L’été dernier un ami est passé à la maison. Des effets jonchaient la table. Comme je m’en excusais et déplorais l’état de la table, ce dernier croyait que je me désolais de la table elle-même. Ce quiproquos dépassa cet ami qui se mit en quête de me démontrer que je pouvais en racheter une autre , solide, plus jolie, pour pas chère…

            C’est vrai que ma table n’est plus de la première jeunesse. On la sent un peu bringuebaler sans que ça ne constitue en soi un danger pour les utilisateurs. Un petit ajustement et elle sera aussi solide qu’aux premiers jours. Elle porte des griffures, des tâches indélébiles, des traces d’usure, certes… mais la changer ? Jamais !

            Même si ce n’est pas la table d’origine de notre couple, qui, elle, a fini par servir en appoint au fil des ajouts d’enfants dans la maison, cette table a du vécu! Le sien, peut-être un peu, mais surtout le nôtre. Car, sans nous, il faut bien le dire, tout bas, elle ne serait rien!

            Quand je regarde la dernière marque de notre table, je souris. Je revois un de mes fils, au dernier Noël, alimentant la flamme d’un lumignon dont le socle en aluminium reposait sur le bois de la table. La chaleur s’est emparée du socle au point de roussir un rond sur la rallonge de la table. Je me souviens de nos fous-rires du moment et des mouvements précipités pour éteindre le tout! Cette tache révèle une histoire.

            Et si on s’accroupit sous la table, on y voit un dessin d’un petit qui a dû profiter d’un moment calme pour nous laisser une fresque incognito. En me penchant, je revois toutes ces fêtes d’Épiphanie où l’enfant le plus jeune du moment -et sachant parler- se plaçait sous la table pour indiquer à qui attribuer la part de galette qu’au-dessus nous étions en train de couper. Il n’était pas rare qu’un plus petit encore, rejoignait alors ce dernier, heureux de se dissimuler avec son frangin sous cet abri au milieu des jambes familiales.

            Cette table en a vu des anniversaires (avec huit enfants cela revient souvent dans l’année), des Noëls, des communions, des repas pascals, des repas d’amis. De nombreux moments de joie et de bonheur. Je revois mes enfants lorsque nous y annoncions une nouvelle naissance et qu’ils se levaient en levant des bras en l’air criant de joie! Et maintenant, combien de nos enfants plus grands nous annoncent au cours du repas qu’ils ont rencontré l’amour et que nous levons notre verre pour cette occasion ? Il faut voir alors le déluge de questions auxquelles le malheureux s’expose, sans doute sciemment ! La table alors s’allonge vers l’avenir.

            Si on regarde plus loin, il y a des taches de peinture qui ne partent plus. C’était lors de la fabrication d’un cadeau des petites pour leur papa.  Cette tâche n’est-elle pas un beau souvenir?  Tant mieux si elle ne part plus!

            Elle a été le témoin de moments heureux, mais aussi de moments de peine ! Ces moments où l’un de nous, au cours du repas, partage un moment difficile, qui le fait souffrir, que ce soit à l’école ou au travail. Les larmes coulent parfois, mais le réconfort et l’amour de chacun apporte le baume nécessaire autour de la table !

            Moins glorieux, mais comment taire et oublier les disputes… Celles des enfants entre eux, parfois eux avec nous quand nous n’accordons pas de permission et que des éclats de voix se font entendre. La table les a aussi répertoriés. Et parfois, entre mon mari et moi, chacun siégeant à un bout de la table. Il me semble alors qu’il faudrait rajouter une bonne dizaine de rallonges à cette table pour nous éloigner l’un de l’autre ! Puis, la table est alors témoin de tous ces pardons, souvent autour du repas, qui permettent tant de fois de nous réconcilier les uns avec les autres.

             Chacun ses moyens mnémotechniques, ma vieille table est ma mémoire ! Et je pense que dans de nombreux foyers, la table a ce même rôle. Peut-être faudrait-il davantage parler dans les préparations au mariage du choix judicieux de la table pour s’établir ensemble dans la vie. La table, c’est un gros morceau de vie !

One thought on “Ma vieille table

  1. Lise Landel

    Mme Pinet

    Jamais une simple planche de bois avec quatre pattes a autant touché mon cœur et mes souvenirs! Il est tellement vrai que plus il y a de rallonges, plus elle est belle avec tout ce beau monde qui y prend place et nous est si cher! Que cette Nouvelle Année vous apporte la santé afin que vous puissiez vous remémorer et nous partager encore de beaux souvenirs ainsi que votre belle plume!
    De tout cœur merci!

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