Espérer faire sa connaissance!
Le ministère de Jean, aux confins du désert, tout près du Jourdain, suscite la curiosité, l’étonnement ou peut-être même le soupçon et la méfiance à Jérusalem. On s’inquiète au sujet des activités, en apparence bien marginales, de cet homme qui n’a rien d’ordinaire et de régulier. Les juifs, l’évangéliste dira plus loin qu’ils sont des pharisiens, lui envoient donc des prêtres et des lévites pour s’informer à son sujet : Qui est-il? Ils veulent savoir. Ils ont le droit de savoir. D’où cette délégation pour faire enquête sur place.
Veulent-ils le contrôler ou le faire taire? On ne le dit pas. Ils sont peut-être simplement curieux, comme nous le serions nous aussi. C’est normal de poser des questions dans les circonstances. C’est le signe qu’ils s’intéressent à ce qui se passe; c’est bon signe! C’est quand on ne pose plus de question que c’est inquiétant. Ça peut vouloir dire que la chose ne nous intéresse pas ou qu’on ne veut rien savoir sur le sujet. Ou bien, c’est parce qu’on est certain d’avoir déjà la réponse et qu’on ne cherche plus; on prétend déjà tout savoir sur le sujet. Notre idée est faite, comme on dit. Et cela aussi, c’est inquiétant et parfois dangereux. C’est alors un savoir qui tue!
Du coup, vous aurez remarqué la manière prudente avec laquelle répond le prophète Jean Baptiste. L’homme est plutôt réservé. Il n’élabore pas. À la question directe Qui es-tu? Il se limite à dire ce qu’il n’est pas. On dirait que lui-même ne sait pas ou qu’il préfère en dire le moins possible sur sa personne; juste assez pour nous intriguer et nous donner envie d’en savoir plus. S’il n’est pas le Christ ni Élie ni le Prophète, qui est-il donc pour agir ainsi?
Et nous comprenons que le prophète Jean s’efface, qu’il est conscient de l’humilité de sa position devant Celui au sujet duquel il a mission de témoigner. Il veut lui laisser toute la place. Son rôle est de nous préparer à sa venue, de fixer nos regards et nos agissements vers celui qui vient, qui, en vérité, est déjà là au milieu de nous; bien que nous ne le connaissions pas, précise Jean-Baptiste.
Et voilà donc Jean qui nous met au défi de connaître celui qu’il annonce, au défi de préparer correctement sa venue. Et à cet égard, il nous laisse deux consignes très importantes.
« Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Voilà ce que vous avez à faire d’abord, proclame Jean Baptiste. Travaillez sur vous-mêmes, sur vos mœurs, vos façons d’agir, votre vie sociale, vos rapports mutuels. Mettez-y de la justice, de l’amour, de l’entraide. Un esprit d’humilité et de service et de paix. Vous trouverez ainsi la joie. L’accomplissement souhaité par Dieu.
Et Celui que vous ne connaissez pas pourra alors se révéler à vos yeux, à vos cœurs. Cherchez-le près de vous pour le trouver. Ouvrez-vous à sa présence, dans le silence et la prière, et vous aurez la joie de le découvrir, de le mieux connaître pour mieux l’aimer, pour entrer dans une relation plus intime avec lui, et vous saurez davantage qui il est pour vous, pour le monde. Et ce sera grande joie, grande fête dans vos esprits et dans vos cœurs.
Le danger qui nous guette, c’est de penser que nous savons tout sur Dieu. C’est de nous contenter de ce que déjà nous avons appris. C’est de ne pas redresser le chemin par où il vient vers nous et par où nous pouvons aller vers lui. Or il nous faudrait perdre nos préjugés, enlever nos barrières, revenir de nos égarements, de nos éloignements, de nos infidélités, de nos injustices, et alors ce serait la joie toute proche, le Seigneur viendrait dans notre monde. Nous saurions bien le reconnaître, lui que nous ne connaissions pas. Et ce serait grande joie pour nous de l’accueillir, de le connaître enfin!