L’Espérance au quotidien
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 11, 2-11)
En ce temps-là,
Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison,
des œuvres réalisées par le Christ.
Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda :
« Es-tu celui qui doit venir,
ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit :
« Allez annoncer à Jean
ce que vous entendez et voyez :
Les aveugles retrouvent la vue,
et les boiteux marchent,
les lépreux sont purifiés,
et les sourds entendent,
les morts ressuscitent,
et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient,
Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean :
« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ?
un roseau agité par le vent ?
Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ?
un homme habillé de façon raffinée ?
Mais ceux qui portent de tels vêtements
vivent dans les palais des rois.
Alors, qu’êtes-vous allés voir ?
un prophète ?
Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
C’est de lui qu’il est écrit :
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,
pour préparer le chemin devant toi.
Amen, je vous le dis :
Parmi ceux qui sont nés d’une femme,
personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ;
et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux
est plus grand que lui. »
COMMENTAIRE
Des nouvelles de catastrophes nous arrivent si souvent : depuis le Liban, la Syrie, depuis Haïti, le Venezuela et bien d’autres endroits. Nous savons aussi la situation des camps de déplacés en Syrie, en Lybie, ailleurs aussi. Que de tourments, que de souffrances! On nous dit pourtant peu de choses de ces présences humaines héroïques, généreuses qui font là-bas leur chemin au travers de tous ces malheurs pour y apporter de l’amour, de la tendresse, un secours inespéré, parmi toutes ces désolations et cette immense tristesse.
Aujourd’hui dans l’évangile, Jean le Baptiste est en prison. Jésus, lui, est en plein exercice de sa mission. Les deux hommes se sont rencontrés au bord du Jourdain, il n’y a pas longtemps. Le prophète a reconnu alors en Jésus de Nazareth le Messie annoncé, celui que tous attendaient, qui serait le Sauveur d’Israël.
Ils se sont ensuite séparés l’un de l’autre, chacun allant vers sa mission particulière. Puis survient l’arrestation de Jean le Baptiste. On connaît l’histoire… Une affaire de mœurs au palais d’Hérode. Les remontrances de Jean lui valent d’être mis en prison.
Jésus, lui, circule encore librement en Galilée. Il prêche dans les synagogues, il opère des guérisons, il chasse les démons. Il se plait avec les gens simples et il fréquente même des gens peu recommandables et des pécheurs. Il n’a rien du libérateur politique attendu.
Jean s’intéresse à ce qui se passe avec Jésus, en qui il a pourtant reconnu celui qui doit venir. Il est sans doute déçu, perplexe devant ce qu’il entend dire. C’est pourquoi il envoie des disciples s’informer. « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? » La question est claire et nette. La réponse de Jésus vient aussitôt donner l’heure juste sur le Royaume que Jésus entend établir. « Allez dire à Jean ce que vous entendez et voyez. » Oui, il y a des signes, des gestes de guérison, des libérations… Mais c’est surtout les pauvres que rejoint la Bonne Nouvelle. C’est là le choix de Dieu : l’action de Jésus le mène vers les pauvres et les petits et les pécheurs.
Il faut oublier la manière forte et la violence. Il n’est pas question de contrôle et de pouvoir et de stratégie politique : l’œuvre du Christ est miséricorde et guérison intérieure. Ses effets sont d’abord personnels à chacun, dans les cœurs et sur le terrain du quotidien. C’est la victoire d’une espérance pour les pauvres, victoire de l’amour, de la patience et de la fidélité du Dieu de l’Alliance, lui qui vient par le don de son Esprit libérer l’amour dans les cœurs. Il se tourne volontiers et d’abord vers les humbles et les malheureux du pays.
Certes, confirme Jésus, le témoignage de Jean le Baptiste est important. Il invite à la conversion. C’est là une étape essentielle. Mais le Royaume attendu, c’est Jésus lui-même qui le réalise en sa personne. Lui l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, il apporte la paix, le pardon, les dons de l’Esprit, le régime nouveau de la grâce. Le Seigneur Dieu se veut ainsi tout proche de nous, avec nous, en nous. Son règne est dans le cœur des croyant/es.
Chacun, chacune nous avons la responsabilité de vivre de l’Esprit du Christ en nous aimant les uns les autres et en faisant communauté en son Nom, travaillant à transformer le monde par les humbles moyens de la justice, de la miséricorde, vivant la loi nouvelle. « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde » nous a dit Jésus. C’est à vous de manifester le Royaume, de le laisser surgir de vos vies animées de l’Esprit.