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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 31e Dimanche T.O. Année A

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Refléter le vrai visage de Dieu

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 23,1-12.

En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,
et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

 

COMMENTAIRE

Nous avons tous vu de ces films qui évoquent le temps de Jésus. On se rappelle Le Roi des Rois, Ben Hur, Jésus de Nazareth et d’autres qui nous font voir les vêtements des chefs religieux, pharisiens, grands prêtres et autres. Leurs habits ont une allure étonnante, visiblement destinés à amplifier le personnage qu’ils enveloppent. Exagération ou caricature ? Ce qui est certain c’est que par leur habillement les leaders religieux impressionnaient les gens. Leurs accoutrements nous paraissent ridicules, mais dans le temps, on prenait cela très au sérieux. Les paroles de Jésus en témoignent dans l’évangile de ce dimanche.

Dans le Brésil des années 50-60, la méthode d’animation pédagogique utilisée par Paulo Freire a fait beaucoup parler. L’éminent pédagogue éveillait chez les pauvres beaucoup d’espoir en s’engageant avec eux dans un processus de conscientisation qui devenait un important facteur de libération. On rapporte que Freire utilisait une technique toute simple. Il prenait des clichés de la vie quotidienne, sur le vif, dans les contextes les plus ordinaires. Il invitait ensuite les gens concernés à venir voir. Et là, tous ensemble, ils se voyaient comme dans un miroir. Par le rire, l’étonnement, les commentaires spontanés, on réagissait, on parlait. Des prises de conscience personnelles et collectives finissaient par remettre en question leur vécu social, économique, politique. Les gens pouvaient alors s’engager sur des chemins de libération, se dégager des conditions injustes d’exploitation et d’appauvrissement dans lesquelles ils étaient maintenus jusque-là. Cette expérience sur le terrain fut déterminante pour l’auteur de la pédagogie des opprimés, qui a inspiré tant de réformes en éducation depuis un demi-siècle, chez nous et ailleurs dans le monde.

Aujourd’hui – dans le passage d’évangile que nous avons lu – Jésus fait lui aussi œuvre pédagogique. Il fait réagir, soulignant à gros traits le ridicule dont font parade les chefs religieux. Les comportements extérieurs sont importants. Ils disent qui nous sommes, ce qui nous habite.

Est-ce que notre condition de fils et de filles de Dieu, de disciples et de frères et sœurs du Christ paraît dans nos manières? Quelle image donnons-nous de Dieu? Sommes-nous cohérents en pratique avec ce que nous professons du Père, avec l’Évangile que nous annonçons? Sommes-nous d’authentiques témoins de la tendresse et de la bonté de Dieu, de son amour et de son immense discrétion? Sommes-nous des témoins de l’humilité et de la générosité du Christ?

La parole de ce dimanche nous invite à un regard lucide et critique sur notre vie en Église, en communauté chrétienne, sur notre vécu personnel; non pas pour nous condamner, mais pour nous convertir plus profondément à l’Évangile et au Dieu et Père de Jésus Christ. Pour que ça paraisse dans nos mœurs et nos manières.

Saurons-nous voir le ridicule de nos ostentations, de nos prétentions, de notre fausse piété, de nos hypocrisies? Notre attention se porte peut-être d’abord sur les responsables officiels des services pastoraux dans l’Église. Qu’ils aient la sagesse de discerner ce qui ne marche pas dans leurs façons d’être, de paraître et de faire, et qu’ils aient le courage des révisions nécessaires. Mais l’appel du Seigneur est aussi pour tous les chrétiens, laïcs et clercs, hommes et femmes. Nous, trahissons toujours l’Évangile quand nous l’utilisons à nos fins personnelles sans nous soucier du sens profond de cette révélation. Ce qui est dit pour les pharisiens vaut pour tous. Nous sommes en interaction. Prenons au plus vite la place qui convient : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

 

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