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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 1er dimanche du Carême (A)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Où vont nos pas?

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 4,1-11.
En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : ‘L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.’ »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : ‘Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre.’ »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : ‘Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.’ »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire.
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : ‘C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.’ »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.

COMMENTAIRE

Le Carême vient de commencer. C’est le temps offert pour nous reprendre au meilleur de nous-mêmes. Le temps d’abord de réfléchir et de retrouver d’où nous venons, de repérer le terreau dans lequel nous sommes enracinés, comme croyant, le terreau de la Parole de Dieu. Il nous appartient d’en tirer la ressource nécessaire pour vivre notre foi avec plus d’élan, plus de force.

Cette année dès le 1er dimanche, la liturgie nous livre le regard de Dieu sur nos origines et sur les conditions de notre existence humaine. Le Seigneur nous redit ce en quoi nous pouvons espérer, quelles sont nos limites et nos chances, sur quelle aide nous pouvons compter, quel modèle nous devrions suivre. La première lecture nous a raconté en image le projet initial de Dieu, le jardin merveilleux dont il rêvait pour nous, la chute et le péché qui survient en nous sournoisement. Voilà comment le mal est entré dans notre cœur, dans notre monde. C’est une affaire d’orgueil et le refus d’assumer notre humaine condition avec ses limites. La tentation, faisant de l’homme et de la femme des transgresseurs. Nous avons passé outre et ignoré la consigne divine; nous avions évacué le Seigneur de nos vies. Ce jeu dangereux nous a bientôt menés à l’exil, hors du jardin. Fini le paradis! Place à la vallée de luttes et de larmes!

Mais Dieu ne s’est pas résigné à notre éloignement. Il n’a pas voulu abandonner le rêve qu’il avait pour nous à l’origine. Il s’est lentement, patiemment, obstinément employé à nous tendre la main. Il a cherché à reprendre contact avec nous. Jusqu’à nous envoyer son Fils. Lequel est venu partager nos misères, nos joies, nos peines et nos travaux, toute notre humaine condition. Il nous a montré beaucoup d’amour. Il a pris au milieu de nous un chemin de fidélité, d’obéissance, de communion au Père. Dans le Christ, nous retrouvons notre modèle ; il nous dit le chemin pour retrouver le Père. Il est, lui, ce chemin, la vérité et la vie. Il est le nouvel Adam en qui nous sommes sauvés.

Si le livre de la Genèse et la lettre aux Romains nous ont rappelé la cause originelle de notre situation d’éloignement, S. Paul quant à lui se réjouit du remède merveilleux qui nous vient de Dieu dans le Christ. Or, l’évangile du jour, justement, nous donne de voir le Fils, en sa qualité d’homme nouveau, se démarquer de nos pratiques coupables et prendre la contrepartie des penchants dont nous avons hérités de nos premiers parents.

Le récit des tentations aux désert le montre bien : le Fils épousera la condition humaine jusqu’au bout. Il n’usera pas de sa puissance divine pour s’en affranchir. Il se tourne plutôt résolument vers le Père dans une parfaite humilité : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.»

Le Fils s’inscrit dans un rapport de confiance avec le Père. S’il compte sur sa protection c’est dans le cadre de l’obéissance. « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Enfin, le Fils de Dieu ne cherche pas sa gloire. Il ne bâtit pas un royaume parallèle. Il rêve de communion avec le Père. Pour lui pas de compromission avec les idoles et les leurres du mensonge. « C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c’est lui seul que tu adoreras ».

Puisse notre montée vers Pâques nous tenir en éveil et en rapport intime et vital avec celui qui nous montre si bien le chemin vers le Père, et qui nous entraîne avec lui dans la joie et le bonheur du Jardin retrouvé, la joie du Royaume, la demeure de Dieu avec nous. Amen.

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