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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Jacques Marcotte, o.p.
Parole et vie

Homélie pour le 13e dimanche T.O. (B)

Imprimer Par Jacques Marcotte, o.p.

Polenov-Filha-Jairo

Talitha Koum ! Lève-toi !

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 5,21-43. 
En ce temps-là, Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord de la mer.
Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds
et le supplie instamment : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. »
Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait.
Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… –
elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré –…
cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement.
Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »
À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal.
Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? »
Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ?” »
Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela.
Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité.
Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »
Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? »
Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. »
Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques.
Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris.
Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. »
Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant.
Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! »
Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans. Ils furent frappés d’une grande stupeur.
Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger.

COMMENTAIRE

Cet évangile nous rejoint dans nos élans de vie et de rêve, dans nos peurs aussi et nos regrets de voir la maladie, la souffrance et la mort constamment faire échec au désir de vivre et de faire vivre qui nous anime. En fait nous sommes tous confrontés à l’insurmontable, à l’inéluctable destin qui semble devoir tous nous emporter.

La Parole de Dieu nous livre pourtant un message d’espérance : elle nous parle de guérison, de délivrance, de l’éveil d’un mort. Dans l’évangile, deux événements sont aujourd’hui rapportés qui nous tracent un chemin vers la vie et le salut donnés en Jésus, le vivant, le ressuscité. Les deux histoires sont emmêlées l’une dans l’autre, comme si le narrateur voulait par là nous dire quelque chose de spécial. Gageons que si Marc, Matthieu et Luc nous rapportent invariablement les deux évènements ainsi liés, c’est qu’ils ont une intention pédagogique, ils veulent souligner un point important que nous révèle ce double épisode.

C’est d’abord comme si la démarche entreprise par Jaïre, le chef de la synagogue, avait besoin d’être corrigée, complétée, enrichie par la manière dont la pauvre femme intervient auprès du Seigneur. Jaïre, en venant demander l’aide de Jésus pour son enfant, témoigne d’une foi certaine. C’est parce qu’il croit Jésus capable de guérir sa fille, de la sauver comme il dit, qu’il vient le supplier. Jésus accepte tout bonnement de le suivre.

Or le geste à la dérobée d’une inconnue, souffrante depuis 12 ans d’un mal qui la rendait socialement impure, vient témoigner d’une foi assez forte pour la sauver de son mal. Si je puis le toucher juste un peu, je serai sauvée, se disait-elle. Jésus tient à ce que la chose se sache. « Ta foi t’a sauvée » lui dit-il.

En faisant route avec Jésus, Jaïre apprend donc cette foi qui devrait être la sienne et la nôtre, plus intérieure, plus expressive de son âme. Il a besoin d’une telle foi pour aller lui aussi au bout de sa prière, jusqu’à toucher Jésus pour tenir de lui par sa foi l’entière guérison de sa fille.

Nous avons besoin nous aussi d’apprendre la foi à partir du geste de cette femme, à partir de l’élan des plus humbles. Nous avons besoin d’un contact personnel, intime avec le Christ. Contact de la prière. Contact de l’Eucharistie. Nous avons besoin – dans le monde tourmenté, superficiel et affligé où nous sommes – d’aller, par un passage secret et personnel,jusqu’à toucher le Christ en son mystère et ainsi puiser en lui à la source même de la vie.

Mais plus encore que d’une leçon de procédure avec Jésus, il nous est donné ici une révélation quant à la portée et quant au niveau même de la guérison donnée dans le Christ. Et si la femme souffrante depuis 12 ans et la fille âgée de 12 ans étaient des figures annonciatrices, toutes les deux complémentaires?

La vieille dame, figurant l’Israël ancien, l’humanité éprouvée et fatiguée en quête et en attente de relèvement, pressée de toucher le Christ sur son passage pour se saisir de lui par la foi et guérir par lui de son mal chronique, de son péché ?

Et si la jeune fille tirée du sommeil de la mort, c’était la fiancée toute parée pour son époux, l’Église sainte, née de Pâques et de la Pentecôte dans la puissance de l’Esprit ?

Et si les deux femmes, l’une délivrée de son mal, l’autre ramenée à la vie, n’en faisait qu’une, l’humanité croyante restaurée dans la grâce du Fils, appelée à la pleine vie dans le Christ, toute tournée vers le Père. Si les deux, c’était nous dans notre condition nouvelle,  héritiers et témoins de la plus merveilleuse espérance de vie ?

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