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Responsable de la chronique : Nicolas Burle, o.p.
Méditation chrétienne

L’Amour n’est pas aimé

Imprimer Par Maurice Zundel

Maurice ZundelAuteur : Maurice Zundel, né le 21 janvier 1897 à Neuchâtel et mort le 10 août 1975 à Ouchy (Lausanne), est un prêtre et théologien catholique suisse. Ami de jeunesse du Père Giovanni Battista Montini, futur Paul VI, il fut invité en 1972 au Vatican pour prêcher la retraite de carême pour le Pape et les cardinaux.

Le péché n’est pas d’abord telle ou telle action contraire à une loi, mais c’est essentiellement ce refus de nous-mêmes, cette possession de nous-même par nous-mêmes. C’est se tourner vers soi. Le mal essentiel, c’est justement de s’être détourné de Dieu et de s’être tourné vers soi.

C’est pourquoi la conversion consiste d’abord à se tourner vers Dieu en se détournant de soi. Il importe essentiellement de revenir constamment à ce fondement, d’atteindre en nous cette racine du mal qui est d’être tourné vers nous. Il importe aussi de voir toujours dans la vertu, essentiellement cet attachement à Dieu qui nous délivre de nous-mêmes et qui fait de nous un espace transparent où Il puisse répandre Sa Lumière.

C’est pourquoi l’essence de notre contrition doit porter avant tout sur ce fait : Dieu a été absent de notre vie. Il est parfois difficile de regretter un acte particulier dans lequel on a pu trouver une jouissance. Il vaut mieux, justement, ne pas regarder cet acte particulier, mais uniquement ce fait que l’on n’a pas aimé Dieu : “Je pleure, disait un grand disciple de saint François d’Assise, Jacopone da Todi, je pleure parce que l’Amour n’est pas aimé”.

C’est pourquoi, lorsque nous nous apercevons d’une infidélité quelconque, il faut qu’après en avoir pris conscience, nous nous jetions immédiatement aux pieds du Christ, comme Marie-Madeleine, que nous nous cachions dans Sa Lumière, que nous nous perdions dans Son Regard. Et ainsi nous pourrions toujours recouvrer l’état de grâce, même si nous l’avions perdu.

Dieu va-t-il me pardonner ? Mais oui : comme le dit admirablement la liturgie, Dieu est Lui-même la rémission des péchés. Il est Lui-même le vivant et éternel pardon. Dieu ne pourra jamais cesser de nous attendre et de nous aimer, comme le père de la parabole de l’enfant prodigue. Dès lors que nous sommes tournés vers Lui, le mal cesse d’exister puisqu’il est incompatible avec notre présence à Dieu.

Et cela est d’une très grande importance. Il faut se dire : un acte d’amour sincère est incompatible avec l’état de péché ; un acte d’amour sincère redresse immédiatement la situation ; un acte d’amour sincère fait immédiatement circuler en nous la vie divine. Car Dieu est toujours là, Il est toujours là et, dès que nous y sommes aussi, le dialogue s’échange. Tenez donc pour certain que vous pouvez toujours aller communier, si vous en avez le désir profond et si vous regrettez sincèrement tout ce qui en vous a pu être contre l’amour. Alors, vous vous confesserez quand vous pourrez. Mais ne laissez jamais la communion pour une inquiétude de conscience quelconque, ayant toujours précisément la possibilité de retrouver le Cœur du Seigneur dans un élan d’amour vers Lui.

Il importe donc, essentiellement, de garder la paix, de vivre avec Dieu dans une entière confiance et, lorsque notre fragilité, notre fatigue, nos limites ou celles des autres nous provoquent au ressentiment, à la colère, à l’indignation ou au découragement, ne jamais nous arrêter une seconde à cet état, ne jamais demeurer dans le sentiment écrasant de la faute, mais tout de suite, sachant qu’il ne s’agit que d’aimer, nous tourner vers Lui, qui ne cesse jamais de nous attendre.

Extrait de “Silence, Parole de vie”, p. 61

 

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