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Nous deux,

Responsable de la chronique : Caroline Pinet
Nous deux

La vie bourdonnante

Imprimer Par Caroline Pinet

J’ai toujours aimé ces grandes tours qui se dressent sur la côte et sur lesquelles un veilleur observe la mer. Quand celle-ci est agitée, quand le brouillard se lève, le phare est là pour s’assurer qu’aucun navigateur ne fera naufrage. J’entends toute de suite mes adolescents se gausser : « Mais Maman, ça c’était avant, dans ton temps. Aujourd’hui avec les positionnements modernes, les moyens électroniques de géolocalisation, il n’y a plus personne dans ces phares. » Et mon mari de rajouter : « D’ailleurs, il ne reste plus que 1500 phares traditionnels en fonction dans le monde. La plupart des phares ont été confiés au conservatoire du littoral. »

Même seule devant l’écran, à me concentrer pour écrire cette rubrique, il m’est parfois difficile de faire abstraction dans ma pensée de toute cette vie qui m’entoure : mes huit enfants et mon mari ! Comme cette rubrique traite du cœur de la vie, automatiquement, cette vie se rappelle à mon esprit. Et, il faut dire que je l’aime cette vie ! Je me suis levée tôt afin d’écrire au calme, et déjà, au bout de quelques lignes, ma petite de cinq ans a entendu que je suis debout et vient doucement se blottir dans mes bras. Là, il est clair que je ne suis plus seule ! Elle veut ouvrir les volets, s’exclame devant les fleurs qui ornent l’entrée, et que les abeilles bourdonnantes viennent butiner, puis poursuit sur la pluie qui est tombée. Et elle me dit : « Je ne sais pas quoi faire Maman ! » Heureusement, mon mari se lève et lui préparera le petit-déjeuner. La petite sort le chien de sa cage de nuit, et lui tout joyeux vient me faire la fête.

Je reviens donc à mon idée de phare qui est la trame de mon sujet ce mois-ci. Le couple qui décide de former une famille est en quelque sorte le phare du groupe. Le phare doit donc être haut, non pour dominer, mais pour qu’en prenant de la hauteur, il puisse avoir la meilleure vue. Le couple doit ainsi se positionner afin d’avoir la meilleure position afin de bien guider la troupe qui naitra de son amour. Les dernières décennies ont donné des complexes aux parents sur l’autorité. On a confondu plusieurs choses sur le rôle parental, et on a relégué les phares au conservatoire du littoral. On a compté, comme société, sur le fait que les enfants modernes, munis de GPS, s’autoguideraient. C’est dans l’air du temps !

Le cri de Jules Vallès repris par André Gide : « Famille, je vous hais », n’est plus un son discordant dans le monde d’aujourd’hui. Il est parfois juste difficile de faire place à la famille dans la société. Il ne faut plus répéter qu’elle est le fondement, mais s’arranger pour qu’elle dérange le moins possible. Reléguer le rôle du parent au second violon semble une bonne stratégie pour y parvenir. Tout pousse à quitter le phare ! Et on parle de plus en plus de démission parentale…

Entretemps, mes filles de 9 ans et 11 ans se sont levées à leur tour et veulent nourrir au biberon le petit chaton que nous avons sauvé. On cherche le biberon. « Qui pour la dernière fois, hier soir, a nourri Wall-E ? » Comme le chaton est assoiffé, c’est le branle-bas de combat ! Ouf ! c’est bon, elles sont installées et nourrissent l’animal dans le sous-sol.

Donner la vie fait partie de l’engagement chrétien lors de notre mariage. Donner la vie est donc, une dimension fondamentale pour tout couple chrétien (dans la mesure de ses possibilités). Il ne s’agit pas de ramener la sexualité du couple à une dimension uniquement reproductrice mais il n’en demeure pas moins que de fonder une famille est un des plus grands projets que porteront les époux. Nous menons vers demain l’humanité. Une tâche de haute importance si l’avenir nous intéresse. Comment mener cette responsabilité à bien si nous n’en prenons pas les commandes. Guider une famille s’improvise difficilement car ce sont toutes nos valeurs qui refont surface.

Il nous faut discuter ensemble de la direction, il faut y consacrer beaucoup de notre temps, il faut veiller, et comme le phare, se dresser là, de nuit comme de jour, et s’assurer de prévenir les naufrages. Avoir des enfants ensemble dépasse le conformisme social… ça doit être un acte réfléchi, à tout le moins, pleinement assumé par les deux époux. Ma petite crie avec exubérance «Maman, le chat avait soif, beaucoup, beaucoup ! » Mes ados seront-ils réveillés par ce tintamarre ? Pas de danger, nous sommes avant la rentrée. Ils vont profiter des derniers jours de vacances pour faire la grasse matinée. Je suis encore tranquille pour garder l’ordinateur sans qu’ils fassent le pied de grue pour aller voir leur messagerie internet à tour de rôle.

Quand on dresse un projet et qu’il se réalise, il prend immanquablement des dimensions que nous ne soupçonnions même pas. Au début, nous partons avec un dessein très précis de la direction à donner. On se sent alors peut-être plutôt commandant de navire. Mais, à mesure que la famille grossit et grandit, nous voyons que notre rôle est plutôt de guider, même si nous devons donner une certaine direction. Les vents de notre ère, la société, les caractères propres à nos enfants donneront une dimension très vivante, très « bourdonnante » à cette joyeuse vie que nous aurons choisie !

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