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Y a-t-il une place pour l’Évangile dans « notre » justice ?

Imprimer Par Jacques Marcotte

Le 22 septembre dernier, tôt le matin, au pénitencier de Jackson, dans l’état de Géorgie, aux USA, la peine de mort a eu raison d’un noir américain de 42 ans. L’homme protestait toujours de son innocence. Le cas Troy Davis a ému le monde entier.

Le 1er mai dernier, un commando américain tombait à l’improviste sur le repaire d’Oussama Ben Laden au Pakistan et tuait l’homme le plus recherché de la planète. Après 9 ans et ½ de chasse à l’homme. Après 9 ans ½ d’une guerre qui sème la terreur là-bas – en Afghanistan.

Cette semaine, avec la rentrée parlementaire du 19 septembre à Ottawa, un bill omnibus a été déposé, qui a des chances d’être adopté puisqu’il émane d’une majorité confortable. Plusieurs éléments de ce projet donneront à « notre justice » de reprendre la main en matière de répression et de punition.

Toutes ces actions ont, il me semble, quelque chose en commun : elles s’inspirent d’une même attitude, qui fait qu’on se montre dur avec les durs, qu’on ne donne pas assez à ceux et celles qui ont fait du mal, la chance de le regretter et de se convertir. On réduit les personnes au mal qu’elles ont fait. Quitte à éliminer celui ou celle qui a mal agi, dans l’espoir peut-être d’éliminer le mal lui-même.

Pareille attitude n’est pas nouvelle. Elle est ancrée chez les humains depuis bien longtemps, depuis toujours. Cette violence en escalade est source de malheurs et de détresses, nous le savons bien. Elle existe encore dans les pays et les milieux qui ont été façonnés pourtant par la culture chrétienne. L’Évangile aurait dû orienter ce monde-là dans un autre sens. J’avoue que nos conduites me rendent mal à l’aise. Car l’évangile nous parle constamment de conversion, de la capacité que nous avons de changer, de nous amender, de nous redresser. Il nous dit la confiance que le Père met dans ses fils et ses filles. Notre Père des cieux ne réduit pas l’homme et la femme à leur faute; il souhaite que le méchant guérisse de son mal. S’il déplore que le oui du juste se traduise parfois par un non dans les faits, il espère tjrs que le non du pécheur soit un état de passage, qui se change bientôt en un oui authentique, agissant. L’amour, la confiance, la patience d’un Père pour chacun de ses enfants, voilà la merveille à proclamer au sujet de Dieu ! À quand notre réponse personnelle, libre et joyeuse, à tant d’amour ? À quand notre changement d’attitude vis-à-vis nos frères et sœurs candidats eux-aussi à la conversion, à la grâce du pardon ?

Nous n’avons pas grand pouvoir sur nos politiques carcérales et punitives. Comment en arriver même à nous entendre sur les justes méthodes pour humaniser nos façons de faire avec les prisonniers, les opposants, les récalcitrants ? Comment les traiter avec respect, décence et justice tout en assurant la sécurité et la paix sociales ? Voilà de graves questions à ne pas traiter légèrement.

Nous pouvons cependant contribuer à un changement d’approche ? En renonçant d’abord à nous faire complices ou partisans d’attitudes délibérément vindicatives, répressives et vengeresses. Notre mission d’Évangile est de travailler à sauver tous ceux et celles que Dieu aime. En appliquant partout dans nos vies la loi de l’amour et du pardon. Jusqu’à reprendre en nos cœurs et nos manières les sentiments qui étaient dans le Christ Jésus. Avec tendresse et compassion, ayant à cœur un amour vraiment fraternel pour tous. Tout commence dans le secret de notre cœur, nous le savons bien. Dans l’élan de notre prière. Dans ces rapports de réconfort et d’encouragement que nous saurons établir ou rétablir avec nos proches, en famille, au travail, dans les loisirs. Vivons sérieusement et en toute cohérence l’Évangile au quotidien, et nous arriverons ensemble à transformer notre monde !

Jacques Marcotte, OP
St-Dominique de Québec

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