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Le psalmiste,

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Le psalmiste

Psaume 99. Dieu, roi juste et saint.

Imprimer Par Marc Leroy

1 Yahvé règne, les peuples tremblent ;
il siège sur les Chérubins, la terre chancelle ;
2 dans Sion Yahvé est grand.

Il s’exalte, lui, par-dessus tous les peuples ;
3 qu’ils célèbrent ton nom grand et redoutable :
il est saint, lui, 4 et puissant.

Le roi qui aime le jugement, c’est toi ;
tu as fondé droiture, jugement et justice,
en Jacob c’est toi qui agis.

5 Exaltez Yahvé notre Dieu,
prosternez-vous vers son marchepied :
lui, il est saint.

6 Moïse, Aaron parmi ses prêtres, et Samuel,
appelant son nom, en appelaient à Yahvé :
et lui, il leur répondait.

7 Dans la colonne de nuée, il parlait avec eux ;
eux gardaient ses témoignages, la Loi qu’il leur donna.

8 Yahvé notre Dieu, toi, tu leur répondais,
Dieu de pardon que tu étais pour eux,
mais te vengeant de leurs méfaits.

9 Exaltez Yahvé notre Dieu,
prosternez-vous vers sa sainte montagne :
saint est Yahvé notre Dieu.

(Bible de Jérusalem)

Le Psaume 99 appartient au genre littéraire des « hymnes de Yahvé-Roi ». Ces deux parties, vv. 1-4 et vv. 6-8, se terminent par un refrain au v. 5 et au v. 9. La sainteté de Yahvé, qui est rappelée aux vv. 3, 5 et 9, est le thème principal de notre psaume et le structure admirablement. Chaque mention de la sainteté de Yahvé est en même temps une invitation à l’exalter et à le célébrer (vv. 3-4a.5.9), précédée à chaque fois des actions remarquables de Yahvé qui sont des signes de sa sainteté (vv. 1-2.4b-d.6-8).

Mais la structure de notre psaume 99 comporte une complexité supplémentaire dans la mesure où Yahvé est parfois désigné à la troisième personne du singulier, et parfois à la deuxième personne du singulier. En fait, il y a des passages où l’on parle au sujet de Dieu (vv. 1-2.5-7.9) et des passages où l’on parle à Dieu (vv. 3-4.8).

vv. 1-4a : le Psaume 99 commence comme en Ps 97,1 par « Yahvé règne ! ». On fait référence ici aux victoires de Dieu sur l’Égypte ou sur les Cananéens (cf. Ex 15,15 ; « Alors sont bouleversés les chefs d’Édom, les princes de Moab, la terreur s’en empare, ils titubent, tous ceux qui habitent Canaan »). Quand on décrit l’Arche d’alliance, Dieu repose sur deux chérubins (cf. Ex 25,18), pâle copie de Dieu se reposant, dans le Ciel, sur les chérubins. Dieu est le roi de toute la terre et les peuples sont ses sujets. Contrairement aux Psaumes 95 et 96 où l’on affirme que Dieu est Roi sur les autres dieux, ici on dit que Dieu règne sur tous les peuples.
Dieu a commencé à réellement exercer son autorité souveraine sur tous les peuples en faisant sortir Israël d’Égypte et en permettant la conquête victorieuse de Canaan.

vv. 4b-5 : la deuxième partie du Psaume dit une nouvelle fois ce que Yahvé a fait d’extraordinaire et reformule que la seule chose que nous pouvons répondre à tout cela, c’est de l’exalter et de se prosterner devant lui car il est saint.

Si Yahvé est roi sur tous les peuples de la terre, il l’est, bien entendu, en premier lieu sur Jacob qui est le nom d’Israël. Le v. 5 indique ce que requièrent les actions admirables faites jadis par Dieu pour son peuple, celui-ci doit l’exalter et se prosterner devant lui. Parce que Yahvé s’exalte au-dessus de tous les peuples (cf. v. 2), le peuple d’Israël doit exalter Yahvé (cf. v. 5). Comme les chérubins au-dessus du trône divin, l’expression « son marchepied » peut se comprendre de deux façons. Comme l’indique Is 66,1 (cf. Mt 5,34-35), le ciel est le trône de Dieu, et la terre est le marchepied de ses pieds. Adorer Dieu revient à reconnaître sa majesté qui emplit le ciel et la terre. Ou plus localisé, le marchepied de Dieu, c’est la ville de Jérusalem ou bien le sanctuaire (cf. Lm 2,1 ; Ps 132,7).

vv. 6-9 : La troisième partie du Psaume est un regard sur le passé de l’Histoire du peuple d’Israël avec un angle particulier, puis vient la réponse la plus appropriée à ce que Dieu a fait dans le passé, à savoir l’exalter et se prosterner vers sa sainte montagne, c’est-à-dire vers Jérusalem. Les trois leaders, mentionnés par notre psaume, représentent la Loi pour Moïse, le Sacerdoce pour Aaron et la Prophétie pour Samuel. Il s’agit de trois médiations – car la relation à Dieu n’est jamais immédiate –, la Loi, le Sacerdoce, la Prophétie, utilisées par Yahvé pour asseoir son autorité sur le peuple d’Israël. Il existe donc une certaine répartition des rôles au sein d’Israël. Les leaders appellent le nom de Yahvé et le peuple le célèbre (cf. Dt 32,3 : « Car je vais invoquer le nom de Yahvé ; vous, magnifiez notre Dieu. »). À strictement parler, les témoignages de Yahvé sont ceux délivrés à Moïse, mais on peut les comprendre plus largement comme étant la révélation divine faite au peuple d’Israël par l’intermédiaire de ses Patriarches et de ses Prophètes.
Le v. 8 rappelle la formule de grâce et de rétribution d’Ex 34,6-7 (« Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité ; qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché mais ne laisse rien impuni et châtie les fautes des pères sur les enfants et les petits-enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième génération »).

Le v. 9 reprend, avec quelques petites différences, le refrain du v. 5 en parlant, par exemple, de sainte montagne plutôt que de marchepied. Il y a ainsi une inclusion entre le début (cf. v. 2 : « dans Sion Yahvé est grand ») et la fin du psaume (cf. v. 9 : « prosternez-vous vers sa sainte montagne »).

Dieu est Roi sur l’Univers, et le monde entier est appelé à l’adorer. Le nom de Yahvé, comme expression de son Être même, est appelé à être reconnu comme saint. À la différence des rois de la terre, Yahvé est juste et droit. Il choisit un lieu pour y habiter, et ce lieu, Sion, est devenu saint. Il est intervenu dans l’histoire d’hommes comme Moïse, Aaron et Samuel à qui il a parlé comme une personne, « comme un homme parle à son ami » (cf. Ex 33,11).

La triple mention de sa sainteté aux vv. 3.5.9 révèle finalement que Dieu est saint par son nom, par son lieu et par sa personne. C’est peut-être cette triple sainteté que veulent célébrer les séraphins dans le sanctuaire en Is 6,3 quand ils se crient l’un à l’autre « Saint ! Saint ! Saint ! est Yahvé Sabaot ». Nous aurions alors avec ce psaume un écho terrestre, chanté par la communauté présente au Temple, du Trisagion séraphique.

fr. Marc Leroy, o.p.

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