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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

23e Dimanche du temps ordinaire. Année B.

Imprimer Par Daniel Cadrin

Entendre et parler

Jésus quitta la région de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. On lui amène un sourd-muet, et on le prie de poser la main sur lui. Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » Ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correctement.
Alors Jésus leur recommanda de n’en rien dire à personne ; mais plus il le leur recommandait, plus ils le proclamaient. Très vivement frappés, ils disaient : « Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets. »

COMMENTAIRE

Marc nous présente un Jésus en mouvement et une guérison d’un sourd-muet qui se passe à la frontière, en terre païenne. Au centre de ce récit animé, se trouve la rencontre personnelle, à l’écart, entre Jésus et le sourd-muet.

Comme il arrive fréquemment en Marc, plus que dans les autres évangiles, le contact de Jésus avec le corps des personnes en difficulté est souligné : il touche ses oreilles, sa langue, là où sont les blocages. Et voici que la communication est rendue possible, le malade est délivré des liens qui le retenaient prisonnier en lui-même. Cette transformation lui permet, à l’époque, de redevenir pleinement membre de la communauté sociale et religieuse. Jésus accomplit un signe de libération, redonnant à quelqu’un sa dignité et transformant sa vie.

Cette guérison est pour Jésus un travail qui demande prière et effort. Il lève les yeux au ciel et il soupire, il gémit. Ce n’est pas un geste automatique et indifférent mais un engagement personnel, dans une rencontre intime avec l’autre. Et l’expression « Effata », appelant à l’ouverture, est encore utilisée dans la liturgie du baptême.

La recommandation finale, celle de la discrétion, se situe et se comprend à l’intérieur de l’ensemble de l’évangile de Marc, où l’identité messianique de Jésus est dévoilée progressivement. Jésus n’est pas seulement un guérisseur et il n’est pas une figure messianique de style royal. Le sommet de la révélation sera sur la croix. Pour éviter les ambiguïtés dans l’interprétation des signes, Marc invite à ne pas s’énerver trop vite et à poursuivre le parcours jusqu’au bout.

En Marc, ce récit est situé dans une section montrant le cheminement des disciples, qui ont de la difficulté à voir, entendre et témoigner. Les diverses guérisons disent la compassion de Jésus envers des personnes souffrantes mais aussi elles suggèrent les transformations auxquelles les disciples sont appelés. Devenir disciple de Jésus, c’est apprendre à écouter et à parler. Et cela se fait dans une rencontre personnelle avec Jésus le vivant, loin des foules.

Nous pouvons nous reconnaître dans ce sourd-muet et dans les disciples bloqués. Qu’est-ce qui nous empêche d’entendre les voix près de nous et de dire des paroles de vie? Qu’est qui bloque notre communication? À quelle ouverture Jésus nous appelle-t-il, par-delà nos mutismes personnels et communautaires, familiaux et sociaux?

Peut-être avons-nous sur les oreilles des écouteurs qui ne répètent que nos propres mots et nous empêchent d’écouter les autres? Peut-être avons-nous sur la bouche un micro fermé où nous ne faisons que murmurer des sons inaudibles, ne parlant que de nous-mêmes?

Ou peut-être simplement hésitons-nous à nous éloigner des foules pour entrer plus profondément en cet espace sacré où nous pourrions être touchés par celui qui fait entendre et parler. Nous avons parfois besoin, comme le sourd-muet, d’être amenés au Verbe de vie par des gens qui ont à cœur notre santé spirituelle. Il vaut la peine de leur faire confiance.

Le Dieu vivant, que Jésus montre à l’œuvre, n’est pas un bureaucrate blasé ou un parent possessif. Il nous veut debout, capables de marcher et de voir, mais aussi d’entendre et de parler, dans la communauté humaine. Cela est réjouissant.

Parole et vie

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