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Pourquoi des cadeaux?

Imprimer Par Denis Gagnon

Il reste à peine quelques jours avant la fête de Noël. Quelques jours et une longue liste de choses à faire pour préparer la fête. Les magasins regorgent de produits à vendre et de clients affairés, anxieux de voir filer le temps à très grande vitesse. La circulation automobile s’intensifie et, du même coup, ralentit. Les bouchons de circulation nous semblent plus interminables que d’habitude. L’impatience nous gagne: nous ne pouvons nous permettre de ralentir un temps déjà trop court.

Le marathon des petits plats à préparer nous accapare beaucoup. Les décorations sont installées depuis longtemps, mais il reste la touche finale, les petits ajouts de dernière minute. Une très grande partie de nos préoccupations se trouve du côté des cadeaux qu’il faut acheter. Nous butinons d’un magasin à l’autre, d’un étalage à l’autre pour trouver la chose idéale, donc la chose impossible! Mais nous cherchons, nous cherchons… au cas où…

Quelle tâche! Si le découragement nous surprend, nous retournons alors aux questions de fond. D’où nous vient cette coutume d’échanger des cadeaux à l’occasion de Noël? Et pourquoi? Qu’est-ce que ça donne? C’est le cas de le dire: vraiment, qu’est-ce que ça donne? Avons-nous besoin de ce rituel pour fêter Noël?

L’échange de cadeaux – à Noël ou en d’autres circonstances – s’entoure d’un kaléidoscope de significations. Il y a les cadeaux qu’on donne par obligation. Que va-t-on penser de moi si je n’offre pas de présent? L’objet à offrir importe peu. La personne qui recevra le cadeau, pas davantage. Tout au plus, nous pensons à notre réputation ou nous voulons éviter une frustration ou un conflit.

Il y a, par contre, les cadeaux qu’on donne avec joie, et même avec empressement. Nous souhaitons faire plaisir. Nous voulons exprimer de la reconnaissance. Nous voulons dire, par notre geste, l’amour que nous avons pour quelqu’un. Normalement, les mots devraient suffire. Mais il en manque toujours pour tout traduire ce que nous portons dans le coeur. Alors nous faisons appel au rite, un geste qui évoquera, un geste assez large pour laisser entendre, pour donner à penser. L’autre pensera: «Il m’aime puisqu’il a pensé me donner ce cadeau. Elle est attachée à moi: je le vois bien par cette attention qu’elle me manifeste.»

L’objet que nous donnons a son importance. Il traduit à sa façon ce que nous voulons dire. Certains s’imaginent qu’il faut faire des gros cadeaux, donner des choses qui coûtent cher. Dans ce cas, le cadeau prend parfois plus de place que ce qu’il veut dire. Le donateur est caché derrière, noyé par l’effet déluge du présent. Pas nécessaire de forcer la note du côté du prix. Les dons les plus simples sont parfois les plus enrichissants. Parce que l’amour qui les accompagne les déborde et les enveloppe. C’est lui qui attire l’attention. La personne est reçue bien plus que l’objet lui-même.

Car, l’essentiel n’est pas de donner, mais de nous donner, nous offrir à l’autre. Et accueillir de l’autre, accueillir l’émotion que nous avons suscitée, accueillir la joie. Accueillir surtout la reconnaissance au sens fort du terme: l’autre nous a reconnus, il a reconnu l’amour que nous avons pour lui.

Le don devient alors échange. L’autre nous saute au cou. Il nous embrasse. Il se donne à son tour. L’objet a jeté une passerelle entre nos deux rives. Il a créé un lien. Il nous a rapprochés. Il nous soude. La communion est possible grâce à cet objet.

C’est dire toute l’importance que revêt l’échange de cadeaux. Nous avons besoin de ce rite pour vivre et aimer. Comme l’objet est moins important que le geste de donner, ce rite est à la portée de toutes les bourses. Au point qu’il arrive parfois qu’un simple coup de téléphone suffise pour dire: «Je t’aime» et s’entendre dire à l’autre bout: «Moi aussi!» Il ne suffit que ces quelques mots pour que l’échange ait lieu, pour que Noël dure toute l’année.

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