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Parole et vie,

Responsable de la chronique : Dominique Charles, o.p.
Parole et vie

14e Dimanche du temps ordinaire. Année A.

Imprimer Par Daniel Cadrin

La voie d’un Maître

En ce temps-là, Jésus prit la parole : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. Tout m’a été confié par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
«Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

Commentaire :
Être chrétien, c’est se mettre à l’école de Jésus. Devenir son disciple, c’est s’engager sur une voie spirituelle particulière, marquée par les traits et les options de ce Maître. Qu’est-ce qui caractérise Jésus et sa voie?

Pour le comprendre et le suivre, des dispositions intérieures et personnelles sont impliquées. Les petits le reconnaissent et savent l’accueillir. Les petits, ce sont les disciples qui ont un coeur de pauvre, qui sont doux et miséricordieux, qui ont été travaillés et ouverts par les épreuves de la vie. Ils n’ont pas fermé les yeux et le coeur, ils ne sont pas durcis et enfermés dans leur suffisance, ils sont restés en attente. Jésus se présente lui-même comme doux et humble, invitant à marcher sur une voie qui refuse la dureté et l’orgueil. Les dispositions qui font reconnaître Jésus comme Maître nous disent déjà sur quel chemin il nous appelle à marcher.

Ce Maître ne veut pas imposer un nouveau fardeau de règles et d’observances pour vivre l’Alliance avec Dieu. Non qu’il n’ait pas d’exigences : il ne rejette pas l’héritage de ses pères mais il rappelle à aller beaucoup plus loin. Son fardeau ne se porte pas comme un poids qui contraint et écrase. Il vient nous chercher du dedans, comme personne, dans nos désirs, nos attentes, nos options, pour les con­vertir et les centrer sur l’essentiel : le rapport à autrui (cf Mt 7,12) et aux plus faibles (25, 31-46).

Le secret de ce Maître réside dans son expérience profonde de Dieu, qu’il nomme Abba : un Dieu proche et bienveillant, avec qui il vit une relation unique d’affection, de con­fiance, d’intimité. Sa force ne consiste pas en une technique garantie ou une autorité dominatrice, mais dans un lien à Dieu libéré des peurs et des illusions. Il nous invite à entrer nous-même dans cette intimité pour découvrir Dieu comme notre Abba.

Parce que sa vie est centrée sur cette relation radicale au Dieu vivant, Jésus peut à la fois être compatissant et exigeant. Pas l’un sans l’autre. Sa compassion n’est pas faite de complaisance et de résignation face à nos blocages, nos insignifiances, nos idoles : elle appelle à se lever debout pour marcher avec espérance et courage. Son exigence n’est pas faite de règles strictes où marcher au même pas, avec crainte et rigueur : elle se fonde sur une relation de confiance et d’amitié avec des disciples aimés.

Devenir disciple de Jésus, c’est d’abord reconnaître en lui et accueillir le visage d’un Dieu différent, foncièrement bienveillant. C’est entrer dans ce regard sur autrui et le monde pour en être signes à notre tour. Cette suite de Jésus ne peut se vivre sans conversions et ruptures. Mais nous pouvons nous mettre à son école avec confiance, sans crainte d’être méprisés ou écrasés : nous avons du prix à ses yeux. Et nous pouvons aller à lui en vérité, sans nous accrocher à nos masques et à nos sécurités : il nous rendra plus libres.

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