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Marcheurs à l’étoile

Imprimer Par Jacques Marcotte

Elle nous touche toujours, la belle histoire des mages, par sa simplicité et son heureux dénouement. Hérode, bien sûr, nous inquiète avec son attitude soupçonneuse et sa mauvaise foi évidente. La persécution qu’il déclenche après coup et la menace qu’il fait peser sur l’Enfant donne d’ailleurs au récit, finalement, un caractère tragique. C’est là le présage des jours sombres de la Passion du Christ. Mais la saga des mages est d’abord un chant à l’itinérance, un hymne à la lumière. Elle met en valeur toute marche à l’étoile et nous donne le goût de prendre nous aussi la route.

Nos regards et nos pensées se portent facilement sur la démarche exemplaire des mages venus d’Orient et sur les moyens qu’ils ont à leur disposition pour atteindre l’enfant de leur désir : l’étoile, les Écritures, la tradition croyante, leur passion obstinée, leur curiosité tenace. L’épopée des mages nous instruit sur le sens de toute recherche humaine sincère, recherche dont nous sommes souvent les témoins émerveillés, les bénéficiaires ou les acteurs intéressés. Le récit de Matthieu est une sorte de parabole où nous voyons figurées les étapes obligées d’un cheminement de foi et d’espérance, de toute recherche de lumière et de sens, quand nous sommes attirés par l’insolite, guidés mystérieusement vers quelque précieuse découverte, quand nous sommes mus par une attirance intérieure, sujet d’un appel irrésistible de l’absolu.

Les mages, dès qu’ils arrivent à Jérusalem, par les questions qu’ils posent, les réponses qu’ils obtiennent, trouvent un peu mieux leur chemin vers l’Enfant. Ils apprennent que Dieu est là, tout proche, en train de se dire dans le secret d’une Parole et dans la foi et l’espérance d’un peuple. Même que l’étoile était une façon qu’avait Dieu de leur être déjà proche et attentif. Suivre l’étoile c’était pour eux en fait s’approcher de lui, s’ouvrir progressivement au mystère de sa présence.

Les mages d’aujourd’hui cherchent le vrai, ils cherchent pour vrai, ils posent des questions, ils sont habités du désir de savoir. Ils sont nombreux et ils ont des parcours très variés. Certains cherchent comment transmettre la foi à leurs enfants, à leurs petits enfants, dans un monde devenu indifférent ou méfiant à cet égard; d’autres sont peut-être éprouvés par un deuil, une grande perte, et ils cherchent un sens nouveau pour leur existence, un soutien quelque part; peut-être que d’autres s’engagent, hésitants, sur une route de conversion, où ils ont besoin d’un guide, d’un modèle pour mieux traduire leur élan intérieur; d’autres portent peut-être de lourdes questions d’éthique et de moralité dans leur milieu de vie ou de travail, confrontés qu’ils sont aux prodigieuses avancées des sciences et des techniques médicales ou autres; d’autres cherchent peut-être simplement les mots et les lieux et les manières pour dire leur foi et en vivre d’une façon crédible à notre époque.

Tous ces chercheurs vont-ils trouver le bon chemin, la bonne réponse, vont-ils trouver la vie? L’attitude d’Hérode était mesquine et tordue, elle menait à la mort. C’est malgré lui qu’il a servi la cause des mages. Nous le savons maintenant, la présomption de réussite est du côté des mages. La vérité se donne à ceux qui la cherchent, elle les accompagne et les mène à bon port. Cherchons donc nous aussi en toute bonne foi, accueillons la vérité, pour entrer progressivement dans sa lumière. Et nous connaîtrons la joie des suiveurs d’étoile. Quitte à rentrer chez nous par un autre chemin.

Jacques Marcotte, OP
Québec

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