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«Noël à cœur d’année…»

Imprimer Par Denis Gagnon

Dans le village voisin de celui de mon enfance vit une artiste. Elle fait des chansons comme d’autres pétrissent du pain. Ses refrains dégagent des odeurs qui vous réveillent les plus belles nostalgies. Elle vient de commettre un nouveau disque où elle se demande : «Qui suis-je…».

Parmi les toutes premières perles de Monique Miville-Deschênes, il en est une qui revient me hanter à chaque fin de décembre depuis au moins quarante ans : «Noël à cœur d’année, que ne viens-tu paraître!» Je n’en ai retenu que cette phrase. Elle me harcèle depuis la première guirlande pendue au plafond jusqu’au sapin sur le banc de neige à la fin des festivités.

Enfant, cela voulait dire pour moi : je voudrais que la féerie des fêtes demeure jour après jour. Les cloches et les boules dans le sapin vert, les petites lumières – même si elles brûlaient plus souvent qu’elles ne brillaient! – , le parfum du conifère, les boucles de ruban, les papiers d’emballage de cadeaux, l’étoile en haut de l’arbre.

Adulte, il me reste encore quelque chose de ce décor merveilleux, mais mes rêves «noëlliques» ont mûri avec moi. Ils s’ajustent à mes autres rêves. Cette année, je voudrais Noël au mois de juillet pour autre chose que le «Noël du campeur». Je souhaite Noël en février, en mai, en août, en septembre comme quelque chose de profondément humain. Mon «Noël à cœur d’année» serait avant tout un regard, des yeux qui voient au delà des apparences. Je désire des yeux qui rejoignent le meilleur de chaque être humain. Des yeux qui rencontrent d’autres yeux, sans avoir peur.

Il doit y avoir du bon dans les gros méchants terroristes… du bon à réveiller… un soupçon de tendresse… Il doit y avoir du bon dans le milliardaire près de ses sous, exploiteur du petit ouvrier… capable parfois de se laisser attendrir… Et dans ceux qui se replient sur leurs désirs égoïstes. Et dans tous ceux qui me tapent sur les nerfs… Et tous ceux que je voudrais ignorer ou faire disparaître de mon champ de vision… Je voudrais aimer l’ennemi, et pas seulement dans mes prières.

Je suis déraisonnable comme cela! Peut-être rêvez-vous à des Noël semblables? Peut-être vous laissez-vous envahir par l’utopie d’une fraternité universelle, vous aussi? La paix sur la terre aux gens de bonne volonté et aussi à ceux de mauvaise volonté?

Ne faut-il pas reprendre le chemin vers Bethléem? Ne faut-il pas retrouver l’enfant qui a porté la plus folle utopie dans l’histoire de l’humanité? Loin d’être une attrape-nigaud, loin d’être une fumisterie, le message de Bethléem a suscité les plus beaux gestes en proposant la compassion et l’amour pour gouverner la terre. Au delà des clichés usés, même en ayant perdu toute illusion, nous n’avons pas d’autre avenir que l’amour…

Nous ne pouvons pas échapper à cet «accommodement dé-raisonnable»!

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